La guerre entre la Russie et l'Ukraine qui rebat les cartes de l'énergie en Europe n'y changera rien : la transition écologique reste plus que jamais la grande affaire du siècle. Et pour la réussir, il faudra réorienter la finance pour la mettre au service d'un monde plus durable, plus respectueux du climat et des hommes dans le cadre d'un capitalisme plus «responsable ».
Plus de 50.000 milliards de dollars d'actifs seraient ainsi soumis aux exigences de l'ESG, qui permet de donner un label aux entreprises qui respectent des critères exigeants en matière d'Environnement, de normes Sociales et Sociétales et de Gouvernance. A l'échelle française, plus de 2000 milliards d'euros sont gouvernés selon les règles de l'ISR, investissement social et responsable, équivalent français de l'ESG. La récente loi Pacte, en incitant les entreprises à se doter d'une raison d'être voire à devenir « entreprises à mission » accélère ces changements.
Ce bouleversement de la gestion de l'épargne rejaillit sur la stratégie des entreprises, dont l'accès aux financements et en tout cas les conditions de financement (crédit, equity..., coté ou non coté) dépendra de plus en plus du respect des nouvelles normes ESG.
Mais au-delà des bonnes intentions, la prétention de la finance à favoriser une transition écologique et sociale se heurte à de nombreux obstacles, beaucoup d'acteurs profitant du flou et de l'absence de normalisation internationale des règles.
L'Europe a dans ce contexte un défi important qui est aussi une opportunité, celle de s'affirmer comme le continent leader de la finance durable. L'accord récent sur la taxonomie verte, qui permettra aux investisseurs de distinguer les énergies les plus ou les moins compatibles avec l'objectif net zéro carbone en 2050, les nouvelles directives sur le devoir de vigilance et sur le reporting extra-financier des gérants de fonds et des entreprises vont accélérer les mutations.
Une bataille mondiale pour savoir qui fixera les standards de la comptabilité extra-financière oppose en ce moment même les Européens aux Américains. A la clef, rien de moins que la définition des nouvelles règles du jeu du capitalisme responsable.
Alors que certains n'hésitent pas à dénoncer en l'ESG un grand Bla-Bla-Bla capturé par la com' des entreprises, à l'image du scandale Orpea, l'enjeu est majeur pour les entreprises. La RSE est devenue partie intégrante de la stratégie et de la réputation des entreprises. Les directions générales ont conscience que le greenwashing, le social washing et même le purpose washing sont sanctionnés, en particulier par les jeunes générations, et par leurs parties prenantes : fournisseurs, salariés, clients et... actionnaires.
Comment faire de la révolution ESG une réalité au service d'une transformation positive pour toutes les parties prenantes ? Le capitalisme financier, fondé sur la dictature du court terme, va-t-il devenir plus sensible aux enjeux du temps long et des grands défis de l'économie de demain ? Cette journée de débats animée par les journalistes de La Tribune a pour vocation de poser les enjeux, de faire dialoguer les acteurs et les décideurs et de faire entendre toutes les voix pour faire en sorte que ces 3 lettres ESG contribuent à changer le monde.